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dimanche 21 mai 2017

THE AFGHAN WHIGS - In Spades (2017)





OO
soigné, spontané, efficace
Rock

Quand on lui demande pourquoi ses derniers albums sont signés des Afghan Whigs et non des Twilight Singers, en dépit du fait que le groupe est constitué de ces derniers, à l'exception du bassiste originel des Afghan Whigs, John Curley, le chanteur donne cette réponse : « parce qu'on voulait prendre les Doobie Brothers, mais quelqu'un portait déjà ce nom. » Il aurait pu avec plus de crédibilité citer les Temptations, Husker Dü ou Lynyrd Skynyrd. « Parce que j'ai décidé qu'il en serait ainsi. » La question n'a plus lieu d'être.
In Spades est l'album d'un groupe définitivement installé chez lui, comme à la maison, sur le label qui fit découvrir le grunge, Sub Pop, auquel ils sont revenus après un détour par les majors Elektra puis Columbia. Sup Pop est désormais une maison de disques à succès, et seulement en partie indépendante ; mais lorsqu'ils ont signé le groupe dans les années 90 c'était suite à un vrai coup de cœur, et le premier groupe qu'ils démarchaient en dehors de leur ville d'élection, Seattle.

The Spell offre le meilleur refrain de l'album : « I wanna go deep down/To where my soul lets go/And take my fantasy/And lay it on the table/And are you gonna see the light? ». Ce n'est pas tant pour la teneur des paroles, assez banale depuis Black Love (1996) dans sa volonté d'éclairer plutôt que de confondre ou de condamner. Mais la façon dont le groupe entonne « free the light », Dulli prenant sa voix de tête, en l'un des moments les plus attachants ici. Les morceaux sont enlevés et courts, se concentrant sur l'essentiel : même à presque quatre minutes, The Spell passe comme un message subliminal.

Peut-être le single grandiloquent Demon in Profile leur vaut-il de passer à la radio, à la déception de certains fans. Mais Greg Dulli est d'abord intéressé par l'oeuvre dans son ensemble, et quand il enregistre, il visualise très clairement ce qui va être sur la face A d'un album puis sur la face B. Ces irréductibles continuent de sacraliser la forme longue, même si In Spades est concis et resserré à 37 minutes. Demon in Profile était un parfait single à extraire d'un tel album ; séduisant mais frustrant, ouvrant sur de nouveaux secrets de conception, liés à la façon dont le groupe persévérerait : toujours obscurs, toujours nocturnes, et plus fidèle à la grande époque de Black Love qu'au moment de 1965. Elle promettait surtout que le groupe n'avait pas quitté les lieux de sa prise de pouvoir sur l'auditeur : une chambre noire, où la musique rock se détache de la trivialité quotidienne.

Reste que la voix de Dulli est toujours évocatrice mais plutôt en retrait dans la balance, ce qui nous conduit à se focaliser plutôt sur la dynamique explosive reliant les membres du groupe. « C'est la première fois depuis Black Love que nous avons enregistré en investissant à fond tout le groupe », confie Dulli à Robert Ham en 2017, pour Paste Magazine. «Je suis entré en studio et j'avais une idée en tête, je leur ai jouée et ils ont commencé à m'accompagner. C'était une situation très naturelle. C'était incroyablement spontané. Les gars ont apporté leur immense talent à ces propositions. » Cette spontanéité le rend musicalement plus attrayant que Black Love, qui profitait plutôt de la qualité de ses chansons que de la vivacité de son jeu. Porté par une esthétique allant désormais de soi, Dulli a aussi pu improviser au dernier moment sur les textes et les performances, captant Birdland en une seule prise, sa voix en suspens sur des staccatos de cordes.

C'est le son d'un groupe avançant coûte que coûte, avec John Curley prenant toute la place qui lui revient dans cet écheveau existentiel. « Faire un break m'a aidé à réaliser ce qui rendait les Whigs si enrichissants », confie le bassiste pour le communiqué de presse de Sub Pop. « Sur le cours d'une vie, il y a des constantes, et aussi des changements. Vous en avez vu un sauter en cours de route. C'est intéressant de voir où la vie vous mène, et où elle ne vous mène pas. Elle ne s'arrête pas pour vous. » Cette déclaration est à double tranchant, avec Dave Rosser, fidèle compagnon depuis plus de dix ans, atteint d'un cancer incurable. « Nous avons fait quelque concerts pour cet album, et c'est étrange de ne plus le sentir à mes côtés », commente Greg Dulli. « Je pense que tout le groupe l'a ressenti de cette façon. Étrange, mais je refuse de m'attrister en envisageant l'avenir. »

Ne pas poursuivre le groupe, c'aurait été comme de se résoudre à une condamnation aussi hasardeuse que celle d'une maladie. Se replonger dans le passé leur a permis, juste à temps pour retrouver le plaisir intact, de rejouer l'intégralité de Black Love en concert, de récolter des fonds pour les soins de leur ami.

Tandis qu'on s'est longtemps demandé quelle genre de muse si peu rancunière inspirait Dulli, sur cet album c'est la vie elle même, finalement, qui sert de muse à tout le groupe, et non plus seulement à leur chanteur.

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