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mardi 12 mars 2013

JOHN GRANT - Pale Green Ghosts (2013)


O
élégant/poignant/doux-amer
Electronique/folk-rock

Comment va l'album de confessions en 2013 ? Très bien, merci ! Et la façon grandiloquente et ludique de John Grant, compositeur et chanteur aux origines à la fois allemandes et américaines, place son deuxième album en tête du peloton. Les tests anti-dopage sont en cours. Cela paraît naturel que la chanteuse Irlandaise controversée Sinead O'Connor ait repris à son compte la chanson titre de Queen of Denmark, le premier album de Grant en 2010 (enregistré avec le groupe américain Midlake), et qu'elle participe ici aux backing vocals. O'Connor est une artiste qui mérite d'être réhabilitée d'urgence, ne serait-ce que parce qu'elle pose, à travers sa façon d'être, une question importante : le narcissisme est t-il l'élément ultime à l'écriture de chansons ? 
 
Queen of Denmark, cette chanson extraordinaire, imposait le lyrisme fou de Grant, un exercice de voltige qui consiste à garder toute l'élégance pour lui, même avec des lignes telles que « I casually mention that i pissed in your coffee » ou « I hope you know that all i want from you is sex ». Les phrases choc et le narcissisme ne sont que les ingrédients les plus scandaleux des créations de Grant, mais pas les plus significatifs peut-être. Sa brillance vient de la l'auto-dépréciation subtile (ou verbeuse diront certains) qui transcende chaque phrase, de la façon très factuelle qu'il a de transformer sa détestation envers les intolérances et son rejet du regard condescendant des autres sur sa sexualité et sa condition d'ancien junkie en belles évanescences, voire en délicatesse. On se demandait comment il allait pouvoir poursuivre après ce Queen of Denmark, premier jet mêlant fantasmes à base d'actrices de cinéma science-fictionnel et explosions sentimentales intimes, mesurables à l'aune d'un morceau d'ouverture, TC and Honeybear, unique dans sa façon décalée de nous toucher. La musique était alors terriblement douce, enveloppante, souvent surprenante, inspirée de soft rock des années 70 et bénie d'une interprétation et d'une instrumentation qui surpassait ce que Midlake avait fait sur leurs propres albums. La voix de John Grant y était aussi sensible que sensuelle, jamais théâtrale, emprunte d'une humilité un peu sourde. Grant a été gagné de gros doutes pendant l'enregistrement de Queen of Denmark – qui avait fait suite à une tentative de suicide – et ce jusqu'à ce qu'il le sorte enfin et qu'il se rende à l'évidence que tout le monde l'aimait. Allait t-il enfin gagner un peu de confiance en soi ? 
 
L'apparition de chansons plus électronique, voire de dance music sur Pale Green Ghosts ne signifie rien. Goodbye, le dernier album de son groupe maudit, les Czars, contenait déjà des éléments de ce type. C'était d'ailleurs déjà un album poignant et naturel, comme dans les tours magiques de Little Pink House. Sur I am The Man, Grant utilisait un vocoder, que l'on retrouve ici sur le faux tube pseudo-macho Black Belt. Cette chanson, radicale lorsqu'on se souvient de l'ambiance plutôt lounge et jazzy de Queen of Denmark, est astucieusement placée en deuxième position, entre les pulsations et les cordes contrites de la chanson titre, largement instrumentale, et GMF qui est une façon de renouer avec la cadence, le feeling et le personnage de TC dans la chanson d'ouverture du précédent album.
 
Difficile de reproduire le fleurissement lyrique existant partout sur Queen of Denmark. Si les chansons de cet album ne faisaient pas l'impasse sur l'aspect sombre et pessimiste de l'écriture de Grant, la relecture que Grant a de son passé est maintenant plus insistante et intense, un peu moins lumineuse et légèrement plus sarcastique. L'aspect irisé très pop années 60 de Outer Space ou Jesus Hates Faggots n'est plus nulle art ici. La musique est moins directe, stylisée dans une veine freudienne, que la pochette vintage ne dément pas. Dans son apparence engoncée, John Grant embrasse l'impasse du narcissisme que la psychologie de Freud a tant canonisée. Pale Green Ghosts est un album fragile qui mérite que l'on en apprécie les meilleurs moments – You Don't Have To, Ernest Borgnine (où Grant lâche, détaché, la vérité quant à la menace qui pèse sur sa vie, accompagné de claviers et séquenceurs sexy et, pour la première fois, d'un saxophone), Glacier et sa coda au piano inspirée de Rachmaninov. Il faut se laisser bercer par sa douce étrangeté et bouger son corps à l'arrivée de Sensitive New Guy. Mais le vrai secret est peut-être de s'amuser de l’existentialisme tour à tour relaxé et inquiétant de It Doesn't Matter To Him et Why Don't You love Me Anymore, comme s'il s'agissait d'une façon pour Grant de tromper la psychologie qui se respecte.

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