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James Vincent MCMORROW

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jeudi 13 décembre 2012

Lost In The Trees - Groupe de l'année 2012




 

 

 
« Indie rock with a symphonic edge », commence la voix d’une journaliste musicale dans une émission du site web watchmojo.com, sur quelques notes triomphantes de Walk Around the Lake. Au cours d'une escapade nocturne dans la campagne enneigée, un homme imposant se détache finalement, lanterne en main, de ses six camarades pour rester seul face à son propre reflet dans les eaux d'un lac noir. C’est Ari Picker, le guitariste et chanteur et compositeur principal du groupe américain Lost in The Trees. Les autres musicens s'en vont, arborant leurs instruments du musique étincellants comme pour chasser la pénombre et opposer au silence une autre forme de mystère nocturne, leur valse folk orchestrée. Des sourires furtifs, sincères, sont échangés.
 
Picker ne cesse de sourire et de rire en interview. « J'ai commencé ce groupe seul dans ma chambre en 2000, et après l'université je me suis mis à solliciter des amis pour jouer les chansons en concert, comme Emma [Nadeau, qui joue du cor et chante]. Nous étions tous deux tributaires d'un petit label de Caroline du Nord, Tricky Records, et nous avions différents projets. » Interrogée elle aussi par Watchmojo.com, Emma Nadeau poursuit : « Pour les deux premières années du groupe, il s'agissait de former un casting, en quelque sorte, de retenir certains musicens plutôt que d'autres. » « Quand vous commencez à introduire de plus en plus de musiciens, l'expérience musicale change. Il a fallu trouver un équilibre entre garder la vérité de la musique originale et laisser chacun d'entre nous s'exprimer sur scène. » Là, ils sont sept, comme Arcade Fire, dont il rapellent parfois furieusement l'énergie scénique. « C'est le genre de groupe qui a renouvellé mon excitation pour le rock n' roll », commente Picker. 
 
La chanson Walk Around the Lake résume sans doute ce qui caractérise Lost in the Trees : le groupe y capture, avec un feu juvénile, l'essence d'un charme baroque. Lost in The Trees parviennent à être intenses en racontant des histoires intimes, à retenir l'attention par la sensation d'étrangeté nocturne qu'ils suscitent. Leur univers peut être onirique et labyrinthique. “J'ai choisi le nom de Lost in the Trees car je voulais quelque chose qui éveille une petite histoire, un début ou une fin, dans la tête des gens quand ils l'entendent.” Les chansons décrivent le cheminement intérieur de personnages, et évoluent avec sensibilité entre réalité autobiographique et fiction poétique. Ari Picker montre une volonté de s'inspirer d'abord de l'humain, du microcosme de la vie en chacun. Mais les chansons font aussi la part belle aux mélodies, qui deviennent rapidement un tumulte aussi doux que terrible. La voix légère du chanteur illumine le chemin vers un nouveau dénouement, une chanson après l'autre.
 
« J'ai grandi en écoutant de la musique pop, comme la plupart des gens, et ce qui m'intéressait c'était les textures produites par les orchestrations, pour les Beatles et les Beachs Boys, par exemple. J'ai poursuivi en écoutant de la musique classique, et ça m'a beaucoup inspiré dans mon apprentissage. C'est tellement plus intéressant que la guitare électrique et ce genre de truc. Même si j'aime la guitare électrque par ailleurs. » « Pour moi, utiliser les techniques de composition que j'ai apprises à l'école et essayer d'écrire à la manière classique, cela demande plus de discipline et de concentration. Ce n'est pas que l'écriture de chansons n'en demande pas, mais c'est comme si une partie différente de votre cerveau fonctionnait. La composition classique tient davantage d'une formule à suivre, tandis que pour les chansons il suffit parfois d'attraper votre guitare et de chanter ce qui vous passe par la tête. Je ne peux pas utiliser ces deux techniques distinctes en même temps, je dois choisir, je ne peux pas changer de perspective dans la même journée, cela me prend quelques jours pour chanter correctement d'une part, ou orchestrer les chansons d'une façon que je puisse comprendre, d'autre part.”
 
Aux émotions crues de All Alone in an Empty House – dont l'inspiration vint de l'enfance tumultueuse de Ari Picker, le divorce de ses parents et la dépression de sa mère – font écho les sentiments complexes de l'adulte capable de rendre un hommage et de commenter l'acte même de l'hommage. La pochette de All Alone... préfigurait déjà celle de A Church that Fits Our Needs, avec cette mère à la beauté très Rennaissance, personnage sublime, absorbé, qui s'impose à l'auditeur comme une gravure sur la page d'un livre, et qui le prépare aux travaux l'esprit. Picker n'est jamais seul. Cette fois-ci, le personnage maternel l'accompagne, prévaut parfois dans les sensations qu'il est amené à décrire. Comme dans un roman gothique, Picker ressent un fantôme. On a eu raison de comparer les conséquences de l'imaginaire de cet album au Château d'Otrante, un roman anglais du dix-huitième siècle écrit par Horace Walpole. Comme dans un bon roman gothique, ce nouvel album est parfois exhubérant, surchargé, laissant penser que le drame dans le coeur de son auteur ne peut être contenu. Les musicens soutiennent d'un mouvement conjoint la prestation ésothérique de leur chanteur, ses plongées au cœur de sa propre mythologie, entre le deuil des réalités et la mise au monde d’un nouvel univers aux contours envoûtants, fantômatiques.
 
Le groupe privilégie les cœurs et les parties instrumentales invoquant une riche instrumentation. Le sentiment dominant est celui d’une musique chorale vécue simultanément, comme un prolongement plus spirituel à cette excursion de fin de collège, autour des feux de camp. C'est ce qui se produit quand les chansons des Beatles et des Beach Boys sont remplacées par des mélopées plus impénétrables mais, d'une certaines façon, par leur contours mélodiques, tout aussi immédiates. Des chansons qui contemplent volontairement le cœur de leurs propres histoires, avec juste ce qu’il faut de préciosité.

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