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dimanche 14 octobre 2012

Neurosis - Honor Found in Decay (2012)


Parution : 30 octobre 2012
Label : Neurot Recordings
Genre : Doom metal, post hardcore
A écouter : At The Well, My Heart for Deliverance, All is Found... In time
OOO
Qualités : sombre, envoûtant


Given To The Rising, le dernier album de Neurosis paru en 2007, semblait, malgré de bons moments (Water is Not Enough…) privilégier l’utilisation d’atmosphères certes imposantes et très enveloppantes, mais qui semblaient parfois superflues, ce qui causait rapidement une lassitude. Le sextet post-hardcore, fêtant alors ses 20 ans d’existence, en venait  à évoquer David Lynch et les musique de film comme inspiration. Neurosis gagne pourtant davantage à être connu pour ce que ses chansons évoquent par leur contenu émotionnel et lyrique, et les limiter à leur atmosphère est réducteur. La dynamique chère au groupe, qui alterne avec une tension maintenue puissance et calme, est ici mieux que jamais un outil au service des chansons, de ce qu’elles contiennent d’honnête, de sauvage ou de mystique. Ce sont les humeurs et les émotions de ces chansons qui nourrissent les dynamiques de Honor Found in Decay, plutôt que de simples attributs sonores. Les chansons sont des tableaux, certes, mais qui appellent à être ressentis avec une urgence présente seulement épisodiquement sur Given to The Rising. Peut-être l’intense mélancolie qui se dégage aussi de cet album est ce qui le rend plus attachant que son prédécesseur. C’est comme s’ils s’étaient inspirés de Warning et de leur immense chef d’œuvre doom, Watching From a Distance (2007), pour façonner un album qui fait triompher le fond sur la forme, le taux d’humanité sur la quantité d’effets utilisés.
Depuis A Sun That Never Sets (2001), Neurosis tient du doom metal plutôt que du post-hardcore. Les deux albums suivants ont peut-être été les plus difficiles pour le groupe – The Eye of Every Storm (2004) constituant, dons son domaine plutôt sludge que hardcore, un triomphe hors normes - et Honor Found in Decay semble retrouver une linéarité plus séduisante pour l’auditeur. Il retient l’agressivité, le sens apocalyptique propre  au groupe tout créant l'agréable sensation d’être porté au cœur de la musique. Dès We all Rage in Gold, c’est toute l’essence de Neurosis qui est rendue saisissante par la clarté de sa mise en œuvre, sa présentation directe et sincère. Rien que la façon dont est introduite la première phrase, « “I walk into the water/To wash the blood from my feet », et dont se déploient en quelques minutes certains des couplets les plus denses de l’album, résume une approche rassérénée de leur musique et de leur message par Neurosis. L’une de leurs grandes forces, à savoir l’interaction entre les voix des deux chanteurs, est déjà activement à l’œuvre à cet instant.
At The Well, la première des trois chansons dépassant les 10 minutes sur l’album, confirme la perfection de l’expression du groupe, capable d’aller du quasi silence à une effusion de rage intense (bien que sans commune mesure avec ce qu'on a entendu dans la période post-hardcore du groupe), comme c’est définitivement le cas passé les sept minutes, alors qu’une nouvelle mélodie obsédante oriente la chanson vers un dénouement désespéré. Dans la dernière partie, la répétition de « In a shadow world » par Scott Kelly, Steve Von Till et le bassiste Dave Edwardson rend palpable toute la paranoïa, la défiance propres au groupes et peut-être aussi une forme d’espoir. « We are your light » est une réponse presque inaudible apportée en sous-main. Un dernier couplet termine le morceau avec une netteté remarquable, et l’inertie de cette deuxième chanson nourrit la troisième.
En douze minutes, My Heart For Deliverance change de formes avec une certaine grâce. A un moment, Scott Kelly passe du hurlement à la quiétude au cours du même vers : « And left me beneath…the river” ce qui laisse la voie à un intermède inhabituellement tranquille et gagné de désolation. Les dernières minutes du morceau sont un des meilleurs moments de l’album. Les guitares se débattent ensemble pour soulever le poids d’une fatalité qui peut encore être évitée, avec une insistance qui donne un caractère épique au titre. Et la suite est tout aussi édifiante, Bleeding The Pigs dégageant quelque chose plus de l’ordre du tribal et du rituel, Casting of the Ages faisant office de morceau doom plus traditionnel tandis que All is Found… in Time joue sur la force de son énorme riff, le meilleur de l’album. Enfin, Raise the Dawn, relativement courte, permet de susciter chez l’auditeur l’envie de tout recommencer…
Le confort qui naît à l’écoute de Honor Found in Decay n’est rendu possible que par une extrême précision dans la production (de Steve Albini), l’entrelacs des instruments, le séquencement, le choix de chanter/hurler seul, à deux ou même à trois. Les atmosphères suscitées par Noah Landis soutiennent ces chansons à chaque instant, dans leurs introductions, de leurs flottements, leurs conclusions et jusqu’aux moments où les riffs qui dirigent les chansons sont à leur apogée.



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