“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

Qualités de la musique

soigné (81) intense (77) groovy (71) Doux-amer (61) ludique (60) poignant (60) envoûtant (59) entraînant (55) original (53) élégant (50) communicatif (49) audacieux (48) lyrique (48) onirique (48) sombre (48) pénétrant (47) sensible (47) apaisé (46) lucide (44) attachant (43) hypnotique (43) vintage (43) engagé (38) Romantique (31) intemporel (31) Expérimental (30) frais (30) intimiste (30) efficace (29) orchestral (29) rugueux (29) spontané (29) contemplatif (26) fait main (26) varié (25) nocturne (24) extravagant (23) funky (23) puissant (22) sensuel (18) inquiétant (17) lourd (16) heureux (11) Ambigu (10) épique (10) culte (8) naturel (5)

Genres de musique

Trip Tips - Fanzine musical !

mercredi 25 juillet 2012

Garland Jeffreys - The King of in Between (2011)





Parutionjuin 2011
Label
GenreRock, Scène New-Yorkaise, Auteur
A écouterConey Island Winter, The Contorsionist, Roller Coaster Town
°°°
Qualitésengagé, poignant, groovy




The King of in Between : le roi de l’entre deux. Un titre peut-être caustique, car cet extraordinaire auteur rock n’a jamais vraiment traversé l’atlantique, malgré des albums et des concerts sans faute dans les années 70. Aujourd’hui, Garland Jeffreys ressurgit après s’être laissé ces 15 dernières années envahir par la vie la plus vraie, consacrant le plus clair de son temps à élever sa fille, Savannah, qui fête ses 15 ans justement, en 2012. Cet album, le 12ème de sa carrière, il le publie au travers de son propre label, et il sort selon l’endroit en 2011 ou 2012. Entre deux encore. Il ne faudrait pas que ce soit vain, et que sa musique élégante et racée ne reste entre les mains de bloggeurs américains certes enthousiastes. La photo de Anton Corbjin qui illustre la pochette montre le chanteur métis à l’intersection du boulevard Martin Luther King et Malcolm X à Harlem. Entre-deux toujours. Entre humilité et défiance, nostalgie et soif de mouvement. « J’ai toujours eu une certaine exubérance, reconnaît t-il. Je ne me range jamais pour longtemps. ». Elevé dans la New York des années 50 aux sons de Duke Ellington et Nat King Cole, il rencontrera Lou Reed et collaborera avec John Cale pour Vintage Violence, avant de combiner en solo son amour pour la soul, le blues, le reggae ou le punk. Le pape de la musique néo-orléanaise, Dr John, joue sur son premier album en 1973 ; en 1977, il fait paraître Ghost Writer, enregistré en Jamaïque. « Ce disque était un bijou », remarque t-il. « Mais le music business n’était pas fait pour l’art », ajoute t-il pour expliquer le relatif échec de l’album. Roy Cicala, son producteur d’alors, travaillait aussi avec John Lennon. La chanson Wild in The Streets était jouée dans nombre de juke-box à New York – tous les soirs chez Max’s Kansas City. I May Not Be Your Kind, Cool Down Boy et Spanish Town furent tout de même des hits à la radio. L’album de Lou Reed baptisé New York (1989) est un sacré morceau, mais New York Skyline, sur Ghost Writer, est peut-être la plus belle chanson jamais écrite sur la ville.


« Je suis encore en train de m’ajuster au nouveau business de la musique », raconte Jeffreys aujourd’hui. Son pinacle de passion musicale se situe dans une époque qui précède l’avènement du CD. « Mais je suis sur un plan à horizon 90 ans comme B.B.King, Tony Bennett et John Lee Hooker. » Force est de constater que le moment n’est pas venu pour lui d’abandonner, au contraire. En 2012, il ajoute aux tableaux de New York et au ballet des intolérances une réflexion pleine de justesse et de malice sur le vieillissement en l’absence de ses symptômes habituels - l’esprit de Jeffreys est aussi vif et tranchant et sa musique tient en haleine. Coney Island Winter donne le ton, musicalement comme thématiquement : « Vanity Strikes/Humility speaks/Insanity lives on the edge of the street/This is a story, it happens every day” Il se pose en observateur du quotidien dans ce rock à la croisée du blues parlé. « I want kiss the ground » réclame t-il pour montrer son attachement et son respect, non sans une pointe d’amusement. Les réminiscences de sa jeunesse vont et viennent, illustrées par l’image d’un parc d’attractions qui part en miettes. Les commentaires politiques et sociaux fusent avec une adresse telle que n’importe qui peut ressentir leur portée. C’est comme le hip-hop : de la musique urbaine affutée dont les seules concessions et faiblesses sont celles du cœur. La grosse caisse bat fort dans la poitrine de ce premier morceau. I’m Alive, dont on devine aisément le propos (« grateful i’m here and still alive »), est plus dense encore grâce à une véritable orchestration. Le refrain ("I’m alive, i’m alive, i’m alive, not dead ») est facile à reprendre, comme le sont les doo doo doo doo sur le funky The Contorsionist.


L’album est devenu réellement intéressant avec Streewise, une chanson à la fois dure, bienveillante et poignante. « Regarde ma petite fille, elle marche dans la rue/rentrant de l’école/Sans savoir quel dégénéré elle risque de rencontrer». On devine qu’il est question de Savannah, de ce que Garland Jeffreys veut lui transmettre, de père à fille, en termes de sagesse urbaine. « Et quand je pense à ce que mon père m’a appris/Il m’a pris par surprise/J’ai levé les yeux vers lui et il a dit/Tu dois connaître la rue. » La tolérance et la politique refont toujours surface, lorsqu’il évoque la présidence d’Obama et la polémique d’un racisme toujours très présent aux Etats-Unis – même les plus puissants doivent avoir conscience des dangers de la rue, car ils peuvent être assassinés. The Contorsionist explore à son tour plusieurs sentiments, ce que c’est que de jouer le jeu du show business en se pliant à ses règles, ou de jouer de la musique en décidant simplement d’ouvrir son cœur à son entourage. Jeffreys revient toujours à plus de simplicité fondamentale, avec ce refrain superbe : « Everybody need somebody to love », pas besoin de traduction. All Around The World, fait encore preuve de perfection, que ce soit au niveau du feeling, des arrangements, de la production. Un reggae comme aux grandes heures où il côtoyait la soul pour se former en messages de paix, une preuve définitive de combien Jeffreys a compris toute l’essence de ce style musical auquel il s’est beaucoup consacré. Les chansons continuent de se succéder, toutes meilleures les unes que les autres ; un nouvel hommage à John Lee Hooker, qu’on avait laissé aux mains bienveillantes de Ry Cooder sur son récent disque, Pull Up Some Dust and Sit Down (2011), et un retour en force de la romance avec Love is not a Cliché ou The Beautiful Truth.


Roller Coaster Town renoue plus étroitement que jamais avec les images d’une jeunesse valeureuse et pleine de détermination, celle qui n’a pas quitté Jeffreys lorsqu’il écrit. Enfin, on pense à Levon Helm, le batteur de The Band décédé en avril 2012. Les deux hommes avaient eu l’occasion de jouer ensemble à plusieurs reprises, et Larry Campbell, musicien sur the King of In Between et producteur des 2 derniers albums de Helm, Dirt Farmer (2007) et Electric Dirt (2009), sera resté leur dénominateur commun jusqu’à la fin. Jeffreys ne peut décemment pas attendre 13 ans de plus pour le prochain disque.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...