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mercredi 18 mai 2011

Death Grips - Ex Military (2011)


Parution : avril 2011
Label : Autoproduit
Genre : Hip-Hop, indus
A écouter : Guillotine, Lord of the Game, Takyon (Death Yon)

7.50/10
Qualités : intense

Le mystérieux groupe hip-hop Death Grips s’est d’abord manifesté par des vidéos infernales, pleines de bruit (cette pollution sur les vieilles VHS) et de fureur, dans lesquelles un chanteur noir américain encore anonyme se servait de beats synthétiques et de tempos endiablés comme expectorant pour ses rimes vicieux. Ces clips, mis en ligne les uns après les autres, trois, quatre, cinq, font partie d’un stratagème sans détours, maintenant bien connu pour faire parler de soi. En témoignent le clan rap Odd Future, qui, depuis l’an dernier, ont posté une huitaine de ces « mixtapes » (des albums non officiellement entrés dans le circuit commercial). Pour Odd Future comme pour Death Grips, une initiative parfaite étant donné le caractère souterrain de cette musique, destiné à être nourrir immédiatement les « cafards » - de jeunes américains débordant  d’énergie  qui ne demandent à leur musique que de leur exploser à la figure. Death Grips est donc de cette espèce trash dès la première seconde, qui mise tout dans l’impact, mais, heureusement, garde des surprises pour la suite. Un son viral. Introduction (déjà culte ?) avec des paroles enregistrées de Charles Manson exultant, une escalade d’insanité verbale («I don’t want to take my time going to work ! I got a motorcycle, a sleeping bag and ten fifteen girls… Work for what ? Money ? I got all the money in the world ! I’m the king, man ! ») et débouchant sur une immense nappe électrique – drones, guitares – et avec de vrais morceaux de batterie dedans. Sur Beware, le flow décrit une conscience au bord de l’explosion, une main-mise sur le monde, une jouissance de l’instant.

« Tu es la bête que tu adores », répète t-il et la présence de Manson prend tout son sens. Vient Guillotine, envoyé à une cadence parfaite et ponctué par des coups de lame. La production est sèche, nette, coupante. Les beats vont se complexifier avec les trois morceaux suivants, qui révèlent toutes les capacités du trio. Si une composante du groupe est connue, c’est Zach Hill, batteur de Sacramento (Hella). Les ryhtmes sont irrésistibles ;  tribaux et étranges, toujours originaux, ils prouvent que le hip-hop put prendre des formes inattendues, à cheval entre les genres et de façon générale hors des schémas existants. Spread Eagle Cross the Block (psychotique), Lord of the Game (crâneur) et Takyon (Death Yon) (frontal) montrent un vrai talent à renouveler les rythmes intriqués, à demi synthétiques. La suite ne fera que conforter qu’il s’agit là d’un projet extrême et fascinant, un trio énigmatique de metteurs en scène talentueux. On se dit qu’après le Guns by Computer suggéré par Saul Williams comme remixe d'un instrumental de Nine Inch Nails il y a quelques années, c’est ce qu’on aurait aimé voir Williams accomplir. Il n’en avait pas le tempérament. Les manipulateurs sonores d’ici ont un sens du danger qui fait de Ex-Military un Year Zero hip-hop, r&b, ragga, chillwave, avec tout le pessimisme flippant que nécessite le rôle, et la même malignité sonore.

Death Grips embrasse avec bonheur tout un pan de culture underground de la fin des années 80, avec claviers cheap et production abrasive comme arme de destruction. La quantité de colère contenue dans ExMilitary a cependant été surestimée par les premiers auditeurs, même si cette illusion a servi astucieusement à polariser l’opinion (le genre de disque qu’une partie des gens vont typiquement détester) ; malgré quantité de paroles fielleuses, c’est plutôt son étrangeté bâtarde qui devrait demeurer sur le moyen terme. A défaut d’être des accoucheurs de conscience – mais pourquoi pas ? – ils enfantent d’une monstruosité agressive. Sa cohérence, sa construction raisonnée autour de thématiques de violence – les paroles sont encore introuvables sur internet et seulement assimilables en situation d’écoute (renforçant l’idée que ce disque se vit pour l’instant essentiellement dans le moment de son écoute plutôt qu’après), en font le genre d’album qu’il faut entendre une fois – chose d’autant plus facile puisqu’il est gratuit. Des hommages sous forme de samples de Pink Floyd (Astronomy Domine) ou Black Flag, nous avertissent ; ils sont prêts à faire feu de tout bois… A se consumer sans doute trop vite, et à être redécouverts dans quelques années une fois obtenu le recul nécessaire pour juger de leur véritable impact. A défaut d’impact, il restera une astuce rare et la propension à transformer des images désagréables en musique excitante.

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