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mercredi 5 janvier 2011

Avi Buffalo - S/T (2010)



 Voir aussi la chronique sur le blog de Fabrice Zambau

Parution : avril 2010
Label : Sub Pop
Genre : Folk
A écouter : What's in it For, Jessica

Note : 6.75/10
Qualités : attachant, ambigu

La musique de Avi Bufalo est belle et simple, et leur histoire balbutiante véhicule cette fraîcheur que l’on attend d’un groupe avec lequel on souhaite débuter l’année. Le disque éponyme est sorti en 2010, mais peut être n’avait t-il pas sa place aux côtés de sensations indie comme Arcade Fire ou Deerhunter. Maintenant, les humeurs remises en terrain neutre, prêts à recommencer une existence comme c’est un peu le cas tous les ans, on ne peut qu’apprécier le premier effort lumineux d’un groupe folk dont les membres sont à peine sortis de l’école.

Le disque n’aurait peut-être jamais vu le jour si un jeune homme californien de 19 ans appelé Avigdor Zahner-Isenberg (Avi pour faire court) avait fini par avoir la console de jeux qu’il ne cessait de réclamer à ses parents. Avi Buffalo, il en avait rêvé au fond de la classe, et il n’y a eu qu’un pas de là à apprendre la guitare et rassembler trois amis – un garçon et deux filles – pour concrétiser sa vision. Un pas que beaucoup d’autres rêveurs ne font jamais, ou alors plus tard ; mais pourquoi attendre ? La maturité étonnante dont Avi fait preuve à l’écriture des chansons de ce premier disque est saisissante. Les paroles, qui évoquent des amours qui n’ont jamais vraiment existé et des étés à moitié ressuscités, n’auraient été que peu retouchées par un songwriter de deux fois son âge.

Dans la vie de chacun, des moments finissent conjurés lorsqu’on écoute certaines chansons ; qu’on les ait entendues auparavant ou qu’elles vous en évoquent d’autres, d’autres lieux et époques, quelques secondes seulement suffisent à vous ramener dans un endroit où vous n’aviez pas mis les pieds depuis longtemps. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Avi semble avoir saisi la façon qui pouvait le guider sur ce terrain tellement couru qu’est la chanson folk ; susciter la nostalgie de manière caressante, afin d’acquérir sans effort la maturité la plus naturelle qui soit. Phrases de relations vécues ou désirs affectifs profonds et vaguement Œdipiens, le disque est toujours un ballet gracieux et précoce de mains baladeuses. Avi prend la vie à bras-le corps – « too much time to die », chante t-il comme méditation – tout en gardant une insouciance plus honnête que la nonchalance de bien d’autres. Il parvient même à ménager, à travers les tournures parfois surprenantes que prennent ses chansons – « It’s not the age I feel when by your side » un mystère, un flottement que sa façon de chanter rend réparateur. Avi Buffalo ont l’ambition de chasser l’enfance sans heurt, parviennent à partager leur émoi avec la force de l’expérience.
  
Quelques idées lumineuses viennent souligner leur talent.  Rebecca Coleman chante de concert avec lui, et ensemble ils ont l’air de deux petits chats taquinant quelque pelote qu’ils n’ont pas encore complètement démêlée, étant aux portes de l’âge adulte. C’est parfois difficile de distinguer qui chante. Ce n’est pas The Moldy Peaches, mais par moments – sur What’s in it For, par exemple - on se dit que Avi Buffalo n’a pas besoin de faire carrière derrière ce disque éponyme, qu’ils ont avec quelques voix entremêlées fait la somme de tout ce qui était possible pour eux de donner. Dans ce contexte, les chœurs semblent presque superflus, ne faisant que se réclamer de l’évidence ; Avi Buffalo, c’est quatre amis musiciens, ni plus ni moins. Qu’ils s’inspirent de groupes branchés ou hors du temps, ne fait aucune différence. Ce n’est pas leur penchant pour l’innovation qui a frappé ; mais les convergences qui se produisent parfois, comme s’ils avaient trop regardé le soleil, et qu’éblouis, ils se dirigeaient vers son cœur – pour découvrir qu’ils n’allaient jamais y parvenir. Le rock c’est l’illusion d’arriver quelque part, et Avi revient sur de nombreuses illusions qu’il a déjà combattues, l’air de ne rien faire. Elles rendent possible une chanson comme Jessica.

Le ton ne monte jamais beaucoup, malgré une guitare, toujours délicate, qui fera quelques excursions sauvages et affectives – le meilleur bout en est Remember Last Time. Musicalement, le groupe est toujours capable de rappeler pourquoi le label Sub Pop (qui a déjà signé les Shins dans la veine soft) a pu leur faire confiance. Ils font désormais partie de la bande à Mark Arm (Mudhoney) et autres Iron and Wine. Comme à un grand frère, il a pu demander à ceux-là des conseils aux difficultés sentimentales qu’il raconte : “Jessica, I’ll try my best not to make this hard/I know I took this way too far/And I can’t tell when something’s real/Nobody tells me how they feel/It’s always right beneath my nose/And if that’s just the way it goes/Then I just won’t ignore your calls”.


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