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lundi 5 juillet 2010

Hawkwind - Blood of the Earth


Hawkwind ont inventé le rock à la fois planant et puissant, ils ont trouvé une nouvelle manière de jouer sous couvert d’imagerie empruntée à la science-fiction. Ils avaient à l’origine ce son lourd guidé par la basse de Lemmy. Certains disent qu’Hawkwind a cessé d’exister lorsque Lemmy se fit virer du groupe après quelques albums pour des raisons d’égo et alla fonder Motorhead. Ainsi, la carrière de cette formation anglaise emblématique se terminerait après Warrior of the Edge of Time (1975), disque pour lequel le célèbre bassiste composa le morceau Motorhead qui donna plus tard son nom au trio inamovible. La qualité de la musique d’Hawkwind, qui avait réussi à créer un mélange sans équivalent de groove et de psychédélisme à une période ou les prétendants ne manquaient pas, a beaucoup chuté ensuite. Mais de là a annoncer la mort d’une entité créative aussi exitante, il fallait avoir la mémoire courte.

Les 20 prochaines années seront assez insignifiantes, malgré l’investissement valeureux de Dave Brock, celui qui continue d’incarner Hawkwind et un certain sens artistique un peu désuet mais plein de charme à travers ce groupe. Il était impossible de ressusciter le son si caractéristique qui parcourait les albums In Search of Space (1971) ou Daremi Fasol Latido (1972) et Brock ne chercha pas à faire illusion. La musique du groupe prit un virage plus synthétique et anodin, voire rébarbatif et ennuyeux. Heureusement que leurs premiers disques faisaient encore partie de notre univers pour nous empêcher d’oublier qu’ilsméritaient une gloire totale à peine en deça du titre de Eternal Champion qui caractérise les héros de l’auteur de SF Michael Moorcock (lequel a écrit des textes pour le groupe).

Musicalement, Blood of the Earth semble redresser nettemment la barre, cinq ans après Take Me To Your Leader en 2005. Alors qu’Hawkwind s’obstinait à ressembler à un artefact d’un autre âge, telle une vieille épée puissante mais rouillée, ils se polissent de nouveau, d’une certaine manière, dans l’essence de ce nouveau disque. Toujours très porté sur les atmosphères galactiques, il comporte cependant des parties de guitare plutôt lourdes là ou Take Me to Your Leader n’avait que de longues nappes de claviers mollassonnes. Un sentiment énigmatique parcourt aussi ce Blood of the Earth, et le rend beaucoup moins anecdotique qu’il aurait pu être – depuis le tout début et cette voix caverneuse qui dit « I would become master of the universe »...

Wraith est une bonne surprise, puisque Hawkwind y laisse entrevoir son ancienne âme de hard-rockeurs. Pas complètement bouffés par les claviers et l’apesanteur… Et alors que beaucoup de groupes ne font des soli que pour le côté crâne de la chose, de telles embardées ont chez Hawkwind la saveur d’une traversée tumultueuse en vaisseau spacial… Quoi que ces soli vous évoquent, ils ont parfaitement leur place parmi les signaux divers et les mélopées aériennes qui déclenchent l’ouverture de portes émotionelles…

Le premier morceau, Seahawks, comporte aussi quelques parties de guitare particulièrement lourdes, même si elles sont sous-mixées. C’est un amalgame étrange de synthés, d’échantillons et de narrations où l’on reconnait l’ambiance qui parcourait un disque comme Space Ritual (1973). Tous les sons d’outre-espace et d’engins intersidéraux propres à la légende du groupe sonts présents, et Brock les dissémine toujours de manière aussi éhontée et iconoclaste – il croit à leurs vertus toujours autant que nous. Toutes ces reliques sont les métaphores inusables de ce que la musique rock progressive véhicule ; un voyage à travers le temps, même si la plus grande supercherie est que nous restions immobiles, un énivrement des sens pour l’auditeur atteint de visions.

Il y a bien d’autres aspects qui faisaient d’Hawkwind une machinerie si reconnaissable et attachante ; les riffs sur deux accords qui semblent se laisser porter par les vents dont on entend le passage, la voix de Brock qui ne prend pas une ride… De nouveaux horizons sont même explorés sur Blood of the Earth ; les arrangements sur Prometheus – sitar, etc.- ont une saveur indienne, tandis que des colorations exotiques et surprenantes (InnerVisions) se glissent ça et là dans des compositions souvent très reposantes – Comfey Chair par exemple.

Ces liens évidents à d’autres cultures rappellent que Hawkwind a toujours cherché, en regardant vers les étoiles, à révéler les liens évidents qui unissent les hommes. Hawkwind met en garde contre la folie, la mégalomanie, l’ambition, la richesse et la sensation que nous disposons de ressources infines, et cela nous concerne tous à un certain point. Le titre est d’ailleurs une allusion certaine aux souffrances que l’espèce humaine fait endurer à notre terre du fait de sa cupidité et de sa cruauté toutes droites extraites de quelque livre de fantasy décadente. Ils n’explorent pas seulement l’univers dans cette sorte de montage pittoresque et imposant, mais ils cherchent à avoir un côté universel. C’est du moins ce que suggère sa musique, que sous-tend une angoisse toute particulière. Ils ont en même temps une forme très stéréotypée, et une force d’évocation très intéressante. Ils sont capables d’embrasser des contradictions ; de jouer de concepts aussi casse-gueule que des théories de science-fiction pour en faire le reflet d’aventures humaines.

  • Parution : juin 2010
  • Label : Eastworld
  • Genre : Space rock
  • A écouter : Seahawk, InnerVisions, You’d better Believe it

  • Note : 6.75/10
  • Qualités : attachant, soigné, rétro

 

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